Rencontre du 3ème type
Il est 23h30 et il fait nuit noire. Je quitte la place de l’église et remonte la rue en direction du bureau de tabac. Il est grand temps de rentrer. Pourtant, à peine la montée entamée, je reviens sur mes pas pour vérifier quelque chose. Ah oui, je viens bien de marcher à côté d’un serpent. Il est là, au milieu de la chaussée pavée, et comme mon passage l’a réveillé, il sort une grosse tête ovale de sous son corps couleur aubergine. Il n’est pas bien grand,
Comme il a l’air perdu, je m’accroupis, et c’est tout naturellement qu’il commence à frotter sa tête hirsute sur mes pieds pour quémander des caresses.
« Hé bé qu’est-ce que tu fais là tout seul ? Tu as perdu ta maison ? ». Il continue ses câlins, et je reste une minute à le caresser.
« Bon, faut que j’y aille moi ». Il me suit. Je m’arrête.
« Nan nan, tu ne me suis pas, quelqu’un doit surement te chercher. » Je repars. Il se relève (tiens, il a des pattes maintenant) et commence à sautiller autour de moi et slalomer entre mes jambes.
« Tu vas me faire tomber si tu continues ! ». Je m’arrête. Il s’assoit et me regarde l’air satisfait.
« C’est pas possible, je ne peux pas t’emmener. » Pourtant, je ne me vois pas le laisser là tout seul dans le froid. Pôv ‘tite bête. Dans une dernière tentative de résistance, je repars sans le regarder. Cette fois-ci il ne me suit pas. Après quelques pas, je jette un œil en arrière. Booggy, c’est son nom, bat de la queue et se tortille frénétiquement. Il est content, il a retrouvé son maître, un gros monsieur avec une bonne tête, qui le cherchait depuis déjà un bon moment. Il avait laissé son serpent devant la boulangerie au bas de la rue le temps de prendre son pain, me dit-il. Booggy est tout jeune, il suivrait n’importe qui. Ba oui. Il est mimi, Booggy.
Voilà, cette nuit, j’ai rencontré mon premier serpent à moustache !